Blogue
Le test de l’achat statutaire
Nous vivons dans une société où l’apparence occupe une place immense. Les réseaux sociaux et la comparaison constante accentuent cette pression invisible : acheter pour être vu, reconnu ou envié. Mais à force de courir après le regard des autres, le prix réel d’un achat dépasse souvent celui affiché : perte de liberté, de sérénité et parfois même de sens.
Dans son livre The 5 Types of Wealth, Sahil Bloom propose un outil simple pour prendre le recul nécessaire avant de sortir sa carte de crédit : le test de l’achat statutaire. La question est directe :
Achèteriez-vous ce bien si vous ne pouviez en parler à personne ?
Nous croyons acheter pour nous-mêmes. En vérité, c’est souvent la validation des autres que nous tentons d’acheter. Et cette satisfaction que l’on ressent sur le coup est fragile. Car il y aura toujours plus grand, plus luxueux, plus impressionnant. La comparaison ne connaît pas de fin.
Le vrai test consiste à déterminer si l’achat garde de la valeur dans le silence. S’il continue de nourrir votre bien-être même quand personne ne le voit, c’est qu’il correspond à un besoin authentique et durable.
La vraie richesse ne se mesure pas à ce que l’on peut montrer aux autres. Elle se trouve dans ce qui compte encore quand personne ne regarde.
Source :
Sahil Bloom’s Curiosity Chronicle. Everything I’ve Learned About Money—34 Lessons, 27 août 2025.
Crédit image : Depositphotos
Le véritable luxe : apprendre à investir autrement
Aujourd’hui, alors que je souffle mes bougies, je prends un moment pour réfléchir à ce que signifie vraiment le luxe. Avec les années, j’ai compris qu’il ne se résume ni aux possessions ni au statut. Le véritable luxe, c’est ce privilège discret, mais immense d’être encore en vie et de pouvoir choisir où investir son énergie et son temps, et comment définir ses priorités.
James Clear, l’auteur d’Atomic Habits, partageait récemment une statistique saisissante : depuis l’aube de l’humanité, environ 108 milliards de personnes ont vécu sur cette Terre; 93 % d’entre elles ne sont plus là. Être vivant aujourd’hui, c’est appartenir à une minorité exceptionnelle. Chaque journée n’est pas une routine automatique, mais un crédit unique de 86 400 secondes. C’est un capital qu’aucune banque ne permet d’épargner et qu’il faut investir intégralement avant minuit.
En 2027, j’aurai cumulé 25 années de carrière en finance. J’aurai aussi 53 ans. Pas forcément un tournant, mais un jalon qui me donnera l’occasion de réfléchir autrement à la façon dont je souhaite déployer ce temps qui m’est confié. J’ai donc décidé de prendre une année sabbatique.
Pas pour arrêter. Mais pour ralentir.
Pour explorer de nouveaux horizons.
Découvrir. Apprendre.
Savourer pleinement les petits et grands moments de la vie.
Je ne sais pas encore à quoi ressemblera cette année, et c’est précisément ce qui me stimule : me laisser guider par mes envies, mes rencontres et mes inspirations. Peut-être consacrer du temps à l’écriture, parcourir un pays encore inconnu, ou multiplier les expériences inédites. Peut-être aussi revenir à l’essentiel : marcher en nature, partager davantage de moments en famille, revoir des amis de longue date.
Cette décision a pris racine dans la lecture d’un livre marquant : Die with Zero de Bill Perkins. Son message est limpide : les expériences sont les seuls investissements dont le rendement est garanti. Contrairement aux actifs financiers, elles ne subissent ni volatilité ni correction. Elles versent, année après année, des dividendes de bonheur. Chaque souvenir devient un capital qui s’apprécie avec le temps. Chaque moment partagé avec Nadine ou mes proches génère un revenu émotionnel récurrent et durable.
Cette année sabbatique ne sera pas une parenthèse, mais une stratégie d’investissement différente. Une façon de diversifier mon portefeuille de vie : placer davantage dans la santé, la curiosité, les relations humaines et la découverte.
Aujourd’hui, je souffle mes bougies avec gratitude et clarté. Le temps est la seule ressource non renouvelable. Le véritable luxe ne se mesure pas en biens accumulés, mais en expériences choisies.
Alors je me pose cette question et je vous la renvoie :
Et si nous réalisions notre plus bel investissement dès aujourd’hui ?
Source :
Bill Perkins. Die With Zero: Getting All You Can from Your Money and Your Life. Mariner Books, 2021.
Crédit image : Depositphotos
Les coulisses du succès
Quand les lumières s’éteignent et que la foule retient son souffle, Taylor Swift entre en scène avec une aisance presque irréelle. Pendant plus de trois heures, elle chante, danse, parle à son public, comme si tout cela ne demandait aucun effort. Pourtant, derrière cette fluidité apparente se cache une préparation que le public ne voit jamais. Ce que nous voyons, c’est la magie du moment. Ce que nous ne savons pas, c’est l’endurance derrière chaque note, la discipline derrière chaque mouvement.
Swift a déjà confié qu’elle s’entraîne en chantant l’ensemble de son spectacle sur un tapis roulant. Elle court, elle chante, elle recommence. Elle prépare sa voix à résister à l’effort. Ce genre d’entraînement ne fait pas rêver, il ne s’affiche pas sur Instagram, mais il est indispensable à la qualité de ce que nous percevons.
Ce phénomène dépasse largement la scène. En affaires, on admire celui ou celle qui vend son entreprise, qui obtient une couverture médiatique ou qui reçoit un prix lors d’un gala de reconnaissance — une réussite qui mérite pleinement d’être soulignée. Mais ce que l’on oublie parfois, c’est l’épuisement accumulé, les week-ends sacrifiés, les conflits à gérer, les décisions prises seul dans le doute. Ce qu’on célèbre, ce sont les bénéfices. Ce qu’on oublie, ce sont les coûts.
Et puis, un matin, on voit passer sur son fil d’actualité la photo d’un ami qui vient de compléter un IronMan. Il sourit, médaille au cou, accompagné d’une phrase inspirante. Mais cette image ne raconte pas les mois de préparation, les douleurs musculaires, les ajustements alimentaires, les réveils avant l’aube. Elle ne dit rien des longues heures passées à courir pendant que les autres dormaient.
Dans chaque domaine, il y a cette vérité que l’auteur Mark Manson résume souvent ainsi :
Everything comes with a cost. The question is not ‘Do you want it?’ but rather ‘Are you willing to pay for it?’
Autrement dit, chaque réussite repose sur un compromis, sur une décision consciente d’assumer le coût associé à ce que l’on désire vraiment. Ce que l’on obtient est toujours le reflet, direct ou différé, de ce que l’on a accepté de donner. Le problème, c’est que notre regard se pose surtout sur le gain final, rarement sur le prix payé pour l’atteindre.
Alors, la prochaine fois que vous vous émerveillerez devant une réussite, peut-être devriez-vous vous rappeler que l’essentiel se joue ailleurs. Pas dans l’instant qui brille, mais dans ceux qu’on ne montre pas.
Et la vraie question n’est peut-être pas « Êtes-vous prêt à réussir ? », mais plutôt « Êtes-vous prêt à persévérer dans l’ombre ? »
Crédit image :
Depositphotos
Et si on arrêtait de se blâmer pour notre procrastination ?
Il fut un temps où, chaque fois que je remettais une tâche à plus tard, je me jugeais durement. Paresse, manque de volonté, discipline défaillante — je m’infligeais ces étiquettes sans chercher plus loin. Le sentiment de culpabilité prenait toute la place, au détriment de la compréhension.
Ce regard a changé le jour où j’ai découvert deux éclairages qui m’ont permis de mieux comprendre la procrastination et d’en faire une alliée plutôt qu’une ennemie. Ces outils simples m’ont aidé à l’apprivoiser avec moins de culpabilité et davantage de discernement.
1 – Le regard du « futur moi »
L’expert en comportement humain Chase Hughes explique que la procrastination survient souvent lorsque nous faisons ce qui nous tente sur le moment, plutôt que ce qui servirait vraiment notre progression.
Il propose une question éclairante :
« Que dirait mon moi de demain de mon choix d’aujourd’hui ? »
Depuis que je me la pose, je prends des décisions plus alignées sur la personne que je souhaite devenir, et non uniquement sur mon humeur du moment. Cette projection dans le futur suffit souvent à me remettre en mouvement, même pour des tâches simples.
2 – Comprendre plutôt que juger : le modèle tête–cœur–main
La neuroscientifique Anne-Laure Le Cunff invite à voir la procrastination non comme une faute, mais comme un message à décoder. Elle discerne trois sources possibles de blocage :
– La tête (rationnel) : Le blocage survient quand la tâche ne semble plus logique ou justifiée. On la repousse parce qu’on ne comprend plus pourquoi elle est importante. Il m’est arrivé de mettre un projet en pause simplement parce que son objectif ne me paraissait plus pertinent, ou qu’il ne correspondait plus à mes priorités du moment. La tête doute, analyse, s’interroge sur le sens.
– Le cœur (émotionnel) : Le blocage vient d’un manque de motivation ou de connexion émotionnelle. On sait que la tâche a un sens, mais on ne ressent plus l’envie de s’y plonger. Ce n’est pas une question de logique, mais d’élan intérieur. Certaines tâches, pourtant utiles ou simples, me sont apparues lourdes à réaliser, simplement parce qu’elles ne m’inspiraient plus ou qu’elles me laissaient indifférent.
– La main (pratique) : Le blocage vient d’un manque de moyens concrets pour avancer. On sait quoi faire et pourquoi, mais on ne sait pas comment s’y prendre. Parfois, c’est l’ampleur de la tâche, le manque de repères ou la peur de mal faire qui nous paralyse. Je pense à ce document que j’ai repoussé pendant des semaines : ce n’était pas un manque de volonté, mais une hésitation technique. Le jour où j’ai simplement demandé à un ami de le relire, tout a débloqué. Ce petit coup de pouce m’a permis de reprendre confiance et d’avancer.
Depuis que j’ai intégré ce modèle, je prends le temps de cerner l’origine du blocage.
Quand la tête doute, je clarifie l’objectif.
Quand le cœur résiste, je renoue avec le sens.
Quand la main hésite, je demande de l’aide ou je commence petit.
La procrastination n’est plus pour moi un échec à éviter, mais un signal à écouter. Une invitation à mieux respecter mes besoins, à ajuster mon cap et à m’accompagner avec lucidité et bienveillance.
Aujourd’hui, quand je sens une résistance, je m’appuie sur ces deux questions essentielles :
« Que dirait mon moi futur de ce choix ? »
« D’où vient ce blocage : la tête, le cœur ou la main ? »
Et vous, si vous écoutiez ce que votre procrastination essaie de vous dire, que découvririez-vous ?
Sources :
The Art of Charm. Your Brain Needs More Space, Not More Hacks | Dr. Anne-Laure Le Cunff, YouTube, juillet 2025.
Doug Bopst. #1 Behavior Expert: « Why You’re Always Bored & Unhappy » | Chase Hughes, YouTube, juin 2025.